CONSTRUIRE LE FUTUR

> En réutilisant un bâtiment existant, on peut réduire considérablement le carbone incorporé. » « Joy Gai, Responsable des programmes AsiePacifique du World Green Building Council soient bien entretenus, peuvent afficher un meilleur comportement hygrothermique, c’est-à-dire une meilleure régulation de la température et du taux d’humidité de l’air, que certaines constructions plus récentes. C’est notamment le cas quand ils sont orientés de façon optimale par rapport au soleil, au vent, à la pluie et édifiés en pierre de taille, en bois ou en torchis car ils laissent mieux transiter la vapeur d’eau. Équipés de matériaux pour la plupart recyclables, cesconstructionseuropéennesanciennes pourraient constituer un modèle intéressant de construction durable. En outre, lors de la rénovation, les bâtiments anciens sont souvent densifiés, augmentés voire surélevés. Ceci permet de loger plus de monde au même endroit, de contenir l’étalement urbain et donc l’artificialisation des sols. Une logique qui s’impose depuis 2011 à de nombreux pays européens qui ont signé le protocole Zéro artificialisation nette. Son ambition ? Mettre fin d’ici 2050 à toute augmentation de la surface de terres occupées et à compenser toute nouvelle artificialisation d’un terrain par une renaturation équivalente. Finalement, les bâtiments de ces villes anciennes racontent parfois des siècles d’histoire. De l’immeuble haussmannien si parisienauxcitésouvrièresde l’entredeux-guerres, jusqu’au style médiéval ou aux maisons de bois colorées typiques des pays scandinaves, c’est toute une histoire qu’on peut y lire… Si la valeur de ces constructions n’est pas toujours architecturale, celles-ci ont le mérite de raconter un récit commun qui doit être transmis aux générations futures. Zones périurbaines, fonciermédiocreet opportunités de rénovation Certes, en périphérie des grands centresvilles occidentaux, le bâti existant ne porte pas nécessairement la même valeur patrimoniale. Qu’il s’agisse d’immeubles de plus ou moins grande hauteur ou de maisons individuelles, on y rencontre des constructions beaucoup plus standardisées, souvent peu vertueuses sur le plan de l’efficacité énergétique et de la qualité des matériaux. Ces maisons dans des lotissements, ou tract housing comme on les appelle aux États-Unis et au Canada, ont souvent été érigées rapidement et à moindre coût entre les années 1950 et 1980 pour apporter le confort de la vie moderne à une population en forte croissance5. L’exemple le plus emblématique de cette architecture périurbaine et normée de l’après-guerre est certainement Levittown, en Pennsylvanie (ÉtatsUnis). Ce lotissement géant, considéré comme le premier de son genre, est constitué de 17 311 maisons individuelles réparties en 6 modèles différents – pas un de plus – et construites selon un prototype industrialisé en 26 étapes. Faudrait-il pour autant les détruire et reconstruire des bâtiments neufs comme cela se produit souvent au Japon6, au bout de 20 à 30 ans de l’existence d’une maison ? La réponse est bien évidemment non ! Face à une crise du logement qui n’en finit plus – des biens trop rares et chers – ces immeubles collectifs, ces sites industriels désaffectés, ces bâtiments publics vétustes ou même ces parkings inutilisés constituent d’excellents candidats à la réhabilitation et représentent même de réelles opportunités de densifier des aires urbaines périphériques encore trop clairsemées. Et, pour y parvenir en limitant le coût carbone de la rénovation, lesarchitectessaventdésormaiss’appuyer sur les qualités préexistantes du bâtiment : son implantation, ses volumes, sa structure particulière, les matériaux qu’il est possible de conserver ou, pourquoi pas, réemployer ailleurs. Mais aussi sur les méthodes de construction légère qui permettent également un gain de temps considérable tout en assurant une grande performance. « C’est clairement 5. Architizer, 10 Architectural Sins Committed in Suburbia. 6. The Guardian, Raze, rebuild, repeat: why Japan knocks down its houses after 30 years, 2017. 33 CONSTRUIRE LE FUTUR

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