CONSTRUIRE LE FUTUR

À l’avenir, l’essentiel de l’expansion urbaine se fera en Asie et en Afrique. Comment pouvons-nous faciliter le développement de villes durables dans ces régions ? O.R. : Les pays du Sud Global ont vraiment la possibilité de planifier la croissance de leurs villes de manière beaucoup plus durable que ce qui a été fait auNord. Ils en ont à la fois les compétences, l’envie et les idées pour y parvenir. La clé de la réussite est de penser local. Les nouveaux bâtiments de ces villes du futur devront être conçus en fonction du climat et de la culture dans lesquels ils s’inscrivent. Ce qui devra passer non seulement par la mise en œuvre de techniques et de solutions traditionnelles mais aussi par une alimentation énergétique renouvelable et produite à proximité, comme l’énergie solaire. I.A. : En Asie, nous observons déjà des avancées très concrètes. L’Afrique est dans une situation plus compliquée, mais l’Alliance africaine et le Manifeste Africain des Villes Durables, lancés à l’occasion de la COP27 par le World Green Building Council, ont pour objectif d’adapter les principes de construction durable à la réalité de ce vaste continent. Ce qui doit passer par un plan de formation des populations, afin que le secteur dispose d’une main d’œuvre experte des techniques de construction durables et par le développement de capacités locales de production de matériaux. La bonne nouvelle, c’est que toute une génération de professionnels est en train d’émerger en Afrique. Ils sont les mieux placés pour imaginer les réponses les plus pertinentes. Quelles sont les erreurs à éviter ? I.A. : La première erreur, c’est d’imaginer que les Européens pourraient concevoir les solutions capables de résoudre tous les problèmes de l’Afrique. O.R. : La principale erreur serait de copier ce qui a été fait par les nations occidentales au cours des dernières décennies. Le développement urbain du XXIe siècle devra se différencier fortement de celui du siècle dernier. Les pays du Sud Global disposent d’un grand nombre de connaissances et d’idées adaptées à leur propre territoire. À partir de là, nous devons nous demander ce que nous pouvons faire pour les soutenir dans un développement urbain durable. La clé de la ville durable de demain, est-ce l’hyperlocal ? I.A. : La clé, c’est le « glocal », un mélange de global et de local. Des technologies et solutions de pointe partagées avec ceux qui en ont besoin, des transferts de compétences. Il ne s’agit pas de faire « pour » ceux qui ne savent pas encore, mais au contraire de soutenir leur capacité à résoudre les problèmes eux-mêmes, avec des réponses et des expertises locales, d’une façon qui soit adaptée aux contextes culturels, climatiques et sociétaux locaux. Et sur ce sujet, les industries du Nord Global ont un rôle à jouer en termes de transfert de connaissances et de technologies. O.R. : Pour moi, l’éducation est clé. Et c’est clairement une question de volonté politique. Chaque pays doit faire en sorte de disposer de professionnels formés qui animent un secteur de la construction bien équipé, capable de rénover ou concevoir des bâtiments abordables et durables à toutes les bourses, qui sauront résister à l’épreuve du temps tout en répondant aux besoins des habitants. 38 SAINT-GOBAIN

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