CONSTRUIRE LE FUTUR

La tour Shanghai, en Chine, a été entièrement conçue dans un environnement BIM (Building Information Modeling). En substance, le BIM et son jumeau numérique embarquent les acteurs de la construction vers une économie bas carbone et une philosophie de la circularité. En portant un regard sur l’ensemble du cycle de vie d’un produit, ces nouveaux outils nous affranchissent du modèle linéaire. Par leurs multiples modélisations, ils ouvrent aussi le champ de la construction durable qui vise à limiter la consommation de matières premières vierges et d’énergie fossile. Les différents scenarios élaborés par le BIM ou le jumeau numérique permettent d’investiguer des domaines aussi variés que la provenance des matériaux, leur substitution possible par un produit avec un contenu recyclé ou renouvelable élevé, la durée de vie des produits, l’allègement des matériaux à performance comparable, la valorisation ou recyclabilité en fin de vie… C’est ce que l’on appelle le design for circularity. Autrement dit, des ouvrages écoconçus, économes en ressources durant tout leur cycle de vie, transformables et intègrant dans leur structure la circularité des matériaux et leur valorisation en fin de vie. Des calculs et des normes Portée par les nouvelles technologies, cette approche circulaire trouve également un écho favorable auprès des certificateurs (pour les labels produits ou bâtiments) et même du législateur. En France, les méthodologies d’évaluation des impacts environnementaux dont l’empreinte carbone et les formats normalisés de communication des résultats comme les Déclarations environnementales de produits (EPD) ou les Fiches de déclaration environnementale et sanitaire (FDES) se généralisent. Cette transparence pose le nouveau socle d’une construction plus durable. Aux États-Unis, le calculateur EC3 (acronyme anglais d’embodied carbon in construction calculator) compare les différents matériaux sélectionnés pour un projet et indique le carbone incorporé et les émissions de CO2. Gratuit et en accès libre, ce « supercalculateur » permet aux professionnels de faire des choix éclairés en les orientant vers la solution la mieux adaptée. D’autres outils existent sur le marché, comme le calculateur EPIC qui permet une analyse précoce du carbone tout au long du cycle de vie d’un bâtiment. Les logiciels SimaPro ou GaBi réalisent quant à eux des modèles d’analyse du cycle de vie de matériaux, de produits ou de systèmes entièrement personnalisables. Tous ces calculateurs ou logiciels ont fait leurs preuves. Reste désormais à acculturer l’ensemble des parties prenantes de la construction à ces nouvelles technologies. Cette montée en compétences passera par la formation des équipes mais aussi par une profonde transformation du secteur, qui doit désormais compter sur le numérique pour réussir le pari de la décarbonation. © Getty Images/Jackal Pan 57 CONSTRUIRE LE FUTUR

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