CONSTRUIRE LE FUTUR

1. Ce projet fait partie du projet de recherche et d’innovation européen Building As Material Banks (BAMB), qui a rassemblé huit pays européens autour du sujet de la circularité dans la construction. Appauvrissement des ressources, empreinte carbone trop élevée, crise énergétique : rattrapé par une réalité implacable, le secteur de la construction fait désormais amende honorable en coupant court aux mauvaises habitudes d’antan. Plus question de « produire, utiliser et jeter » comme ce fut longtemps le cas dans l’économie linéaire. Face à l’urgence environnementale, un changement radical des pratiques constructives est en cours. Partout dans le monde, l’heure est désormais à la responsabilité. En France, par exemple, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire AGEC vise à accélérer les modèles de changement de production et de consommation afin de limiter les déchets, préserver les ressources naturelles, la biodiversité et le climat. Pour bien comprendre ce concept, il faut en poser les fondements. Trop souvent, en effet, la circularité est résumée au simple recyclage des déchets. Or, il ne s’agit que de l’ultime étape de cette boucle vertueuse. Repenser, réduire, réutiliser et recycler La circularité inclut dans sa matrice la conception d’un bien ou d’un produit mais aussi sa production, son usage et sa fin de vie. En ce sens, et au regard des objectifs de réduction des déchets, de durabilité et de réemploi, elle en appelle à de nouvelles pratiques pour fabriquer de façon plus durable. Dans le secteur du bâtiment, la philosophie des « 4 R » prime : repenser, réduire, réutiliser et recycler. Celle-ci démarre dès la phase de conception par un questionnement sur le choix des matières premières composant les produits et les matériaux en faveur de matières secondaires ou renouvelables. D’un point de vue recherche et développement , la circularité impulse ainsi une nouvelle démarche d’innovation pour améliorer les compositions de certains matériaux. C’est une condition absolue pour favoriser leur réemploi ou leur recyclage en fin de vie. Modularité et réversibilité Outre la nécessité d’adapter les formulations ou les usages, il est impératif d’actionner tous les leviers de l’écoconception en considérant l’ensemble du cycle de vie du bâtiment. Cela inclut bien évidemment non seulement l’origine des matériaux mais aussi des critères tangibles de sobriété énergétique. Il sera également intéressant de lutter contre son obsolescence et d’envisager l’ouvrage sous son potentiel d’évolutivité et de réversibilité. Avec un enjeu désormais de taille : prolonger la durée de vie du bâtiment le plus longtemps possible. Il s’agit avant tout d’anticiper les changements de fonctionnalité, afin d’empêcher une démolition prématurée. La monofonction des bâtiments ayant montré ses limites, de nombreuses initiatives essaiment à travers lemonde. En Belgique, le bâtiment BRIC (Build Reversible In Conception)1 a été conçu pour être entièrement transformable. De bureau en 2018, il est devenu magasin en 2019 puis laboratoire acoustique en 2020 ! En France, de nombreux projets réversibles sont en cours de construction, à l’image du Village olympique de Saint-Denis à l’occasion des Jeux olympiques (JO) de Paris en 2024. Lieu de résidence pour les quelque 14 000 athlètes internationaux, il se transformera en logements, bureaux et commerces à l’issue des Jeux. À Bordeaux, le projet Tebio (4 000 m2 sur 9 étages), imaginé par Canal Architecture, accueillera des logements, des entreprises et des commerces. Mais rien n’est gravé dans le marbre car le lieu évoluera au fil des usages et de la demande : un commerce aujourd’hui pourra se transformer en logement demain ! Bâtiment d’aujourd’hui, banque de matériaux de demain Reste l’épineuse question de la fin de vie du bâtiment. Tous n’auront pas été conçus dans cette > 59 CONSTRUIRE LE FUTUR

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