CONSTRUIRE LE FUTUR

considération est le risque de non-investissement (ou RONI) : certains actifs existants risquent de se voir déclassés en stranded assets (actifs irrécupérables ou échoués), perdant ainsi de leur valeur. En Europe, la Directive sur la performance énergétique des bâtiments (DPEB) donne le ton. Outre son objectif de décarbonation des bâtiments, elle vise à lutter contre la précarité énergétique en stimulant notamment la rénovation durable à long terme. Parmi ses objectifs, les bâtiments résidentiels devront afficher une performance énergétique minimale de classe E d’ici 2033. Concrètement, cela signifie que les logements non conformes vont ipso facto perdre de leur valeur. Et donc devenir des actifs échoués, sans aucune possibilité de rentabilité. Emboîtant le pas à cette réglementation, le Japon brandit également de nouvelles armes législatives qui imposent que dès 2025, toutes les constructions neuves, y compris résidentielles, devront respecter de nouvelles règles drastiques d’économie d’énergie. Ce renforcement des obligations réglementaires, observé dans de nombreux pays, se voit raffermi par des initiatives lancées par des villes souvent plus promptes à mettre en place des mesures contraignantes. Ainsi, Amsterdam (Pays-Bas) annonce vouloir diminuer de moitié l’usage de nouvelles matières premières dans la construction d’ici 2030, tandis qu’Oslo (Norvège) mène des projets pilotes de bâtiments publics sans apport d’énergies fossiles. La responsabilité sociale : un facteur clé de succès Au-delà de l’aspect énergétique et environnemental, l’impact social des entreprises (et donc des acteurs privés de la chaîne de valeur du secteur de la construction) est scruté de manière exponentielle par tous les observateurs : consommateurs, clients, talents… et investisseurs. Des initiatives réglementaires telles que la taxonomie de la Commission européenne vont faire du volet social un critère discriminant qui ira grandissant dans les années à venir. La responsabilité sociale devient de facto un avantage compétitif décisif. Au RoyaumeUni, depuis la publication en 2012 du Public Services Social Value Act, le poids du critère social pour attribuer les marchés publics est passé de 5 à 40 %8. Les marchés ne s’y trompent pas : entre 2011 et 2019, la proportion des entreprises du S&P 500 (index des 500 plus grandes entreprises cotées aux États-Unis, La construction durable a des avantages financiers non négligeables : coûts d’exploitation et d’entretien à long terme inférieurs, taux de défaillance inférieurs et moindre risque de devenir un actif immobilisé. Alzbeta Klein, Directrice des Affaires climatiques à la Banque mondiale. « 8. Business Growth Hub, Social Value: what it is and why it’s more important than ever, 2020. 72 SAINT-GOBAIN

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