CONSTRUIRE LE FUTUR

« Avertissement sur les terribles conséquences de l’inaction » Si le secteur de la construction n’est pas le seul responsable du changement climatique, loin de là, Charles Kibert, Directeur du Powell Center for Construction and Environment de l’université de Floride aux États-Unis, rappelle malgré tout que « les activités liées au BTP et les ouvrages réalisés constituent 60 % du problème du changement climatique ». Un impact certain, mesurable tout au long de la vie d’un bâtiment, de sa construction à son usage au quotidien. Pour le professeur Kibert, également auteur de l’ouvrage de référence Construction durable : conception et réalisation de bâtiments écologiques, comme pour l'économiste sud-coréen Hoesung Lee, Président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), il est plus qu’urgent d’agir. En outre, le rapport 2022 du GIEC sur le changement climatique, intitulé Impacts, adaptation et vulnérabilité est, selon l’économiste, « un terrible avertissement sur les conséquences de l’inaction ». 2 004 milliards de dollars pour les catastrophes climatiques Hans-Otto Pörtner, qui copréside le Groupe de travail II du GIEC au côté d’Hoesung Lee, enfonce le clou : « Tout retard supplémentaire dans une action mondiale concertée sera une occasion manquée pour assurer un avenir vivable ». Les faits sont là : la survie de l’espèce humaine est aujourd’hui en jeu. D’après le Bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophes (UNDRR), le nombre de catastrophes naturelles a tout simplement été multiplié par cinq sur les cinquante dernières années et le coût de ces événements climatiques a crû de 30 % en vingt ans. Entre 2000 et 2019, l’impact économique total des catastrophes climatiques s’est élevé à 2 004 milliards de dollars, dont 1 206 milliards de dollars rien que pour les tempêtes. Les épisodes caniculaires sont quant à eux de plus en plus fréquents ces dernières années. Parmi les 197 pays siégeant à l’ONU, 168 déclarent êtremenacés par la désertification. Enfin, le nombre d'inondations a plus que doublé en vingt ans. Conséquence : 254 millions de personnes ont été déplacées sur les dix dernières années. Selon le Centre de surveillance des déplacements internes (IDMC) de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), 60 % d’entre elles trouvent refuge dans des zones urbaines. Jakarta bientôt rayée de la carte ? Souvent, des facteurs cumulatifs entrent en jeu. Un exemple concret ? Jakarta. Avec la montée progressive du niveau des océans, 40 % de la capitale indonésienne se trouve déjà sous le niveau de la mer et les quartiers les plus proches du rivage s’enfoncent de 25 à 30 centimètres par an. Le Forum économique mondial estime même que 95 % des rues de la mégapole sud-asiatique pourraient être sous l’eau d’ici 2050. Face à ce constat, le parlement indonésien a voté, début 2022, une loi approuvant le transfert de la capitale vers l’île de Bornéo, à 2 000 km de là, baptisée Nusantara, littéralement « archipel » en indonésien. Les villes n’occupent que 2 % de la surface de la Terre mais émettent près de 70 % des gaz à effet de serre. 8 SAINT-GOBAIN

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