Constructing a Sustainable Future #3

Le magazine de la construction durable AVRIL 2025 Construction durable

Le magazine de la construction durable par Saint-Gobain Construction durable

sommaire 1. #SOLUTIONS EXPLORER DE NOUVELLES SOLUTIONS P. 18 2. #CULTURE PENSER ET AGIR AUTREMENT P. 58 3. #CADRES CRÉER DE NOUVEAUX CADRES POLITIQUES ET ÉCONOMIQUES P. 94 04

sommaire INTRoDUCTION ACCÉDEZ au magazine en ligne Constructing a sustainable future Réduire l’empreinte carbone, préserver les ressources, garantir des environnements sains et assurer le bien-être des populations : les enjeux de la construction durable sont considérables. Des solutions existent déjà, mais il faut désormais aller plus loin : inventer les matériaux de demain, adopter de nouvelles technologies, repenser les modes de construction et de rénovation, intégrer les notions d’adaptation et de résilience. L’autre défi réside dans le passage à l’échelle de ces innovations, qui ne doivent pas uniquement être perfectionnées, mais déployées, adaptées et mises en œuvre partout pour avoir un impact global et pérenne. Pour y parvenir, une révolution culturelle est nécessaire, avec une transformation en profondeur des mentalités, des manières de concevoir, de construire et de former l’ensemble des acteurs. La mise en place de cadres politiques et financiers favorables est par ailleurs un levier essentiel afin que les solutions développées aient un véritable impact dans le monde de demain. Dans cette troisième édition spéciale de notre magazine Constructing a sustainable future, nous analysons ces dynamiques d’innovation multiples qui façonnent déjà l’avenir du secteur. Et à travers des regards d’experts et des projets inspirants, nous explorons les leviers nécessaires pour que celles-ci affectent durablement le monde dans lequel nous vivons. 05

CRoISÉS

CARoLINA MONTANO OWEN Responsable technique Bâtiments durables, World Green Building Council ROLAND PEARSON Vice-président et Directeur exécutif du Terwilliger Center for Innovation in Shelter, une division d’Habitat for Humanity International. FAUT-IL TOUT RÉINVENTER POUR CONSTRUIRE DURABLEMENT? Alors que de nouvelles solutions et techniques de construction durable émergent, une question se pose : faut-il tout réinventer pour atteindre la durabilité, ou les solutions d’aujourd’hui et d’hier peuventelles fournir un cadre pour l’avenir ? Au cœur de ce débat figurent le sens et le rôle de l’innovation pour créer un environnement bâti plus durable et responsable. Roland Pearson, Vice-président et Directeur exécutif du Terwilliger Center for Innovation in Shelter, une division d’Habitat for Humanity International, et Carolina Montano Owen, Responsable technique Bâtiments durables du World Green Building Council partagent, leur vision sur cette question essentielle. Que signifie l’innovation dans la construction durable? Quels défis doit-elle relever? C.M.O. : La construction durable, tout comme la durabilité en général, est un concept en constante évolution. À ce titre, l’innovation est indissociable de ces changements. Pour atteindre une durabilité réelle, nous devons trouver des solutions capables de stimuler la croissance économique tout en préservant l’environnement et en tenant compte des impacts sociaux. Bien que nous ayons beaucoup progressé, nous n’avons pas encore atteint cet équilibre délicat. C’est pourquoi l’innovation reste essentielle. Les concepteurs et constructeurs ont toujours cherché à optimiser le temps et les ressources, ce qui est essentiel à la réussite d’une entreprise, mais, aujourd’hui, avec l’augmentation des catastrophes climatiques et leur impact accru sur les infrastructures, la décarbonation et la résilience deviennent des priorités. Ensemble, ces changements donnent un nouvel élan à l’innovation au profit de pratiques de construction plus durables. R. P. : Innover pour la construction durable implique bien sûr de continuer à inventer de nouvelles solutions, comme des matériaux bas carbone ou plus résilients. Mais cela ne suffit pas. Sans déploiement à grande échelle, ces innovations n’ont pas assez d’impact. Prenons le secteur du logement : depuis près de 50 ans, Habitat for Humanity International se consacre à la construction de logements abordables dans le monde. Notre 07

« Innover pour la construction durable implique bien sûr d’inventer de nouvelles solutions. Mais cela ne suffit pas. Sans déploiement à grande échelle, ces innovations n’ont pas assez d’impact. »_R.P. modèle reposait sur la construction de maisons avec les communautés et des bénévoles, mais nous avons réalisé, il y a une dizaine d’années, que cette approche ne suffisait pas à répondre aux besoins mondiaux. Selon l’ONU, 2,8 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à un logement décent. Face à ce défi, et parce que nous pensons que l’innovation est essentielle pour le relever, Habitat for Humanity a créé le Terwilliger Center for Innovation in Shelter. Au Terwilliger Center, nous ne construisons pas directement et ne nous concentrons pas uniquement sur les nouveaux matériaux et designs. Nous visons plutôt à transformer les marchés pour mieux servir les communautés à faibles revenus. Le problème n’est pas tant le manque d’innovation que l’incapacité du marché à fournir des logements abordables à ceux qui en ont le plus besoin. Nous nous appuyons donc sur l’innovation pour faire évoluer le marché et créer des solutions évolutives. Faut-il tout réinventer pour construire durablement? C.M.O. : Nous n’avons pas besoin de réinventer la roue. Parfois, il suffit d’examiner des solutions éprouvées par le passé, mais peut-être négligées, ou d’identifier des solutions qui fonctionnent dans d’autres parties du monde. Nous devons juste les adapter grâce à un processus itératif d’apprentissage et de collaboration. Si quelque chose fonctionne ailleurs, pourquoi ne fonctionnerait-il pas ici ? Par le passé, nous n’avions pas d’outils digitaux pour concevoir nos bâtiments, et il fallait procéder par tâtonnements pour les rendre plus durables. Maintenant que nous les avons, nous pouvons concevoir nos bâtiments bien plus rapidement. Ces outils évoluent et sont toujours plus interconnectés, ce qui rend nos conceptions plus fiables et plus efficaces. Les villes utilisent de plus en plus les données de prospective pour évaluer l’efficacité énergétique des bâtiments et l’améliorer et contribuent ainsi aux objectifs de réduction des émissions de CO2 tout en donnant la priorité à la résilience. En fait, ces solutions ont toujours existé, l’innovation nous aide simplement à les porter à un niveau supérieur. R. P. : Au Terwilliger Center for Innovation in Shelter, nous ne cherchons pas à créer le prochain produit ou design révolutionnaire, mais plutôt à améliorer des systèmes et des marchés pour mieux servir les populations à faibles revenus. Cela signifie souvent aider les acteurs de l’industrie à repenser les chaînes d’approvisionnement, optimiser les structures de coûts et atteindre de nouveaux segments de marché, en particulier

les ménages à faibles revenus. Personnellement, je préfère le terme « ingéniosité » à celui d’« innovation ». L’ingéniosité, c’est prendre quelque chose qui existe déjà et l’adapter pour lui donner un nouvel usage. Par exemple, nous n’avons pas inventé la peinture ultra-blanche, les moustiquaires ou le plâtre. Ce sont des matériaux simples, mais leur mise à l’échelle est essentielle pour résoudre le déficit qualitatif en matière de logement. D’aucuns diront qu’il ne s’agit pas vraiment d’innovation, et cela ne me dérange pas. Mon équipe a fait preuve d’ingéniosité pour trouver comment associer ces matériaux existants de la manière la plus efficace possible. Nous avons réuni les technologies, les conceptions et les matériaux adaptés pour créer des solutions abordables, accessibles et durables pour les petits entrepreneurs et les communautés. Nous n’avons rien inventé, mais nous les avons fait fonctionner ensemble d’une nouvelle manière. À mon avis, c’est ainsi que nous pourrons généraliser ces solutions. D’après vous, quelles innovations en matière de construction durable ont eu l’impact le plus significatif et les effets les plus transformateurs? C.M.O. : On a beaucoup innové dans la conception des bâtiments ces dernières années, à commencer par les matériaux, un domaine où des progrès notables ont été accomplis pour créer des options plus durables. La R&D a également permis d’optimiser les ressources utilisées à la fois dans les produits eux-mêmes et dans leurs procédés de fabrication, comme l’énergie et l’eau. Il y a aussi une demande accrue pour des déclarations environnementales de produits pour garantir la sécurité des matériaux tout au long de leur cycle de vie. Concernant les modes de construction, des améliorations majeures ont été apportées pour réduire les déchets et renforcer le recyclage. Par exemple, le suivi de l’utilisation de l’eau pendant la construction se généralise aujourd’hui, car les entreprises ont pris conscience de son importance. Les évaluations modernes du cycle de vie gagnent aussi du terrain dans la conception des bâtiments. Des concepts comme la construction modulaire facilitent la réutilisation d’éléments de construction, ce qui garantit la pérennité de leur valeur. Les bâtiments conçus dans une optique de résilience, c’est-à-dire capables d’être facilement reconstruits ou adaptés après une catastrophe, sont de plus en plus courants. Cela permet de faire face aux difficultés avec plus de rapidité et de souplesse. Toutes ces innovations contribuent à transformer notre approche de la construction, en la rendant plus durable et plus évolutive. R. P. : Créer des voies d’accès pour que les ménages à faibles revenus puissent bénéficier des solutions de construction innovantes et de haute qualité existantes est un aspect crucial, mais souvent négligé, de la transformation du marché de la construction durable. Les changements dans la politique de financement du logement et l’inclusion explicite du logement dans les taxonomies vertes en sont deux approches. Il est aussi essentiel 09

« Pour atteindre une durabilité réelle, nous devons trouver des solutions capables de stimuler la croissance économique tout en préservant l’environnement et en tenant compte des impacts sociaux. Bien que nous ayons beaucoup progressé, nous n’avons pas encore atteint cet équilibre délicat. C’est pourquoi l’innovation reste essentielle. »_C. M. O. de soutenir les institutions financières dans l’accès au capital à long terme et le développement de produits de crédit pour le logement. L’une des plus grandes réussites d’Habitat for Humanity dans ce domaine est le MicroBuild Fund, un fonds de 100 millions de dollars axé sur les services financiers pour le logement abordable. Il a permis de lever plus de 1,2 milliard de dollars de capitaux pour aider 250000 ménages dans 33 pays. Son véritable succès réside dans le ratio de levier 10:1 (1). Nos 100 millions de dollars ont attiré des investissements d’institutions financières qui ont vu dans le logement abordable une activité rentable. Depuis, le financement de logements abordables s’est bien développé et les institutions investissent dans ce secteur. Quels sont les facteurs clés pour généraliser ces solutions innovantes? C.M.O. : Les systèmes de certification constituent sans doute un des moteurs majeurs d’innovation de la construction durable. À un moment donné, nous avons dû clarifier des expressions comme « bâtiment haute performance ». Que signifiaient-ils? Les systèmes de certification ont contribué à l’établissement de normes mondiales en prenant en compte l’impact des bâtiments sur les utilisateurs et leur impact global sur les communautés. Cette évolution a entraîné des progrès majeurs partout dans le monde. En Amérique du Sud, par exemple, la construction durable s’est développée grâce au secteur privé qui a réalisé l’importance de construire des bâtiments plus efficaces. Ces bâtiments sont plus économes en ressources, notamment en énergie et en eau, tout en augmentant la productivité et en améliorant le bien-être de leurs occupants. La généralisation des innovations liées à la construction durable passe aussi par le développement de nouvelles politiques. Des groupes d’experts, comme Buildings Breakthrough, aident les gouvernements à élaborer des feuilles de route pour atteindre leurs objectifs de durabilité. Enfin, sans incitations financières, il serait difficile de généraliser leur adoption. (1) Mécanisme de levier financier où chaque dollar investi permet de générer dix dollars d’investissements supplémentaires. 10

R. P. : La construction durable doit impérativement prendre de l’ampleur. Un effort concerté de toutes les parties prenantes est nécessaire pour insuffler un véritable changement. Il est essentiel que davantage de personnes adoptent cette approche et prennent en compte des facteurs tels que le comportement des consommateurs, les cadres réglementaires et l’impact social. De nombreuses entreprises montrent que les solutions fonctionnent lorsqu’on se concentre sur la collaboration avec les communautés. Nous misons sur l’effet de démonstration, en privilégiant par exemple les projets pilotes plutôt que les recherches théoriques. Généraliser ces solutions implique également de s’assurer qu’elles sont adaptées aux communautés, tenant compte de facteurs comme l’accessibilité financière, la demande et les préférences locales. Adopter une approche de conception centrée sur l’humain, pour garantir des solutions efficaces, évolutives et bénéfiques à l’ensemble de la communauté, est essentiel. Pour terminer, le changement culturel est-il la clé d’une véritable innovation dans le domaine de la construction durable? Comment l’impulser? C.M.O. : Pour innover dans la construction durable, il faut des avancées concrètes, comme de nouveaux matériaux et outils, mais aussi changer les mentalités. Ce changement est essentiel pour des concepts comme la circularité. Si beaucoup associent la circularité à la gestion des déchets et au recyclage, il faut aussi changer notre perception des matériaux secondaires de substitution. Les consommateurs privilégient souvent les produits neufs, mais les fabricants peuvent les convaincre de la qualité égale des matériaux recyclés avec des certifications. Pour faire évoluer la demande et favoriser la durabilité, nous devons changer notre regard sur ces matériaux et les considérer comme réutilisables plutôt que comme des déchets. R. P. : Si vous demandez à des passants ce que signifie pour eux l’innovation en général, et non spécifiquement pour le logement durable, beaucoup imagineront une application ou quelque chose d’inédit. Dans le domaine de la construction, cela peut être un nouveau matériau, une technologie qui transforme le plastique en briques ou un enduit améliorant le refroidissement. Ces innovations sont importantes, mais ce qui compte vraiment, c’est ce qui répondra aux besoins des millions de personnes qui sont toujours sans logement. Il s’agit davantage d’un changement culturel. C’est un changement dans la manière de valoriser l’apport des communautés pauvres et à faibles revenus, en les écoutant au moment de la conception de nouvelles solutions. Sur le marché de l’autoconstruction, le défi est plus complexe, car les acteurs du marché, comme les petits entrepreneurs et les entreprises locales, sont fragmentés. Les médias peuvent être un outil puissant pour y contribuer. Par exemple, au Kenya, plus d’un million de téléspectateurs hebdomadaires ont regardé Tujenge – Build it Better, une émission ludo-éducative sur les défis et les techniques de la construction que nous avons codéveloppée avec le Nation Media Group d’Afrique de l’Est. 11

baromètre Méthodologie Le Baromètre de la construction durable 2025 a été réalisé entre le 21 octobre et le 21 novembre 2024, auprès d’un échantillon de 4320 répondants issus de 27 pays : Afrique du Sud, Allemagne, Arabie saoudite, Argentine, Brésil, Canada, Chine, Colombie, Égypte, Émirats arabes unis, Espagne, États-Unis, Finlande, France, Inde, Indonésie, Italie, Maroc, Mexique, Norvège, Pologne, Portugal, République tchèque, Royaume-Uni, Suisse, Turquie, Vietnam. Ce panel de répondants était composé d’élus/représentants locaux, de professionnels, d’étudiants et de membres d’associations impliquées dans la construction, le bâtiment, la transition écologique, le logement, l’énergie… Un échantillon de 27000 répondants citoyens (représentatif de chaque pays interrogé) a également été consulté sur quatre questions. Pour innover de façon réellement efficace et pertinente dans la construction durable, il est essentiel d’en saisir son appropriation à travers le monde. Perceptions, obstacles et leviers de progrès, solutions attendues, parties prenantes les plus actives… Depuis son lancement en 2023, le Baromètre de la construction durable par Saint-Gobain mesure chaque année les avancées sur ce sujet prioritaire à l’échelle mondiale. Découvrons ensemble les enseignements clés de cette troisième édition. RETROUVEZ l’intégralité du Baromètre de la construction durable 2025 12

ENSEIGNEMENT CLÉ 1 La construction durable : un sentiment de connaissance en hausse, une urgence à agir qui se maintient… et des citoyens concernés ! La perception de l’urgence à agir sur le sujet reste élevée : 69% des parties prenantes considèrent la mise en place de constructions plus durables comme prioritaire. Ce résultat, stable, est conforté par une perception partagée par les citoyens : 60% considèrent qu’il s’agit d’une priorité, et 95% estiment au minimum cette question importante. De plus, 67% des parties prenantes affirment bien saisir le concept de construction durable, un chiffre en progression : +6 points par rapport à l’édition précédente. L’enjeu réside désormais dans la capacité à transformer cette forte sensibilisation des parties prenantes et des citoyens en actions concrètes. Prioritaire Important mais pas prioritaire Secondaire 28 % Base : ensemble parties prenantes (4320 répondants) une seule réponse possible 3 % 69 % 69 % Pour vous, personnellement, diriez-vous que la mise en place de constructions plus durables est quelque chose de…? 13

ENSEIGNEMENT CLÉ 2 Les acteurs privés sont perçus partout comme les plus légitimes pour avancer, avec des priorités régionales différentes. La nécessité d’accélérer la construction durable fait consensus : 87 % des parties prenantes estiment qu’il faut « aller plus loin » en la matière. Les acteurs de la phase de conception sont perçus comme le moteur essentiel de la construction durable : 56 % des parties prenantes considèrent les architectes et bureaux d’ingénierie comme les acteurs les plus légitimes pour faire avancer cette transition, suivis par les entreprises privées du secteur (44 %). Par ailleurs, les priorités varient largement d’une région à l’autre. En Asie-Pacifique, en Afrique et au Moyen-Orient, l’adaptabilité des bâtiments apparaît comme une préoccupation récurrente, tandis qu’en Amérique latine, l’utilisation de matériaux écologiques s’impose comme un enjeu clé. L’Europe se démarque par un fort intérêt pour la rénovation des bâtiments, tandis qu’en Amérique du Nord, la question des coûts abordables est davantage mise en avant. Une diversité d’enjeux régionaux qui souligne l’importance d’ajuster les stratégies de construction durable aux spécificités locales, tout en préservant une dynamique globale forte. Parmi les acteurs suivants, lesquels sont, selon vous, les plus légitimes pour faire avancer la construction durable ? 14 Base : ensemble parties prenantes (4320 répondants) deux réponses possibles Les architectes et bureaux d’ingénierie Les entreprises privées des secteurs de la construction et du bâtiment Les institutions publiques Les élus Les citoyens Les associations Les artisans 56 % 44 % 35 % 18 % 17 % 12 % 7 %

Si les parties prenantes déclarent mieux maîtriser le concept, elles continuent à associer la construction durable avant tout à des enjeux environnementaux. L’efficacité énergétique des bâtiments (35%, en recul de 7 points) et l’utilisation de matériaux écologiques (31%, stable) restent les principaux critères de définition du concept. Toutefois, la résilience face aux aléas climatiques s’impose comme un enjeu de plus en plus pris en compte. Le sujet affiche la plus forte progression depuis l’édition précédente, atteignant 21% (+8 points). Son importance varie selon les régions, arrivant en tête des préoccupations en Afrique (35%) et en Asie-Pacifique (32%), et la deuxième position au Moyen-Orient (33%), probablement en raison d’une exposition plus forte aux défis climatiques. En revanche, il est surprenant de constater que la dimension « humaine » de la construction durable peine toujours à s’imposer et reste reléguée au second plan. Seuls 15% des parties prenantes associent la construction durable à une amélioration du bien-être des occupants, alors même que cet aspect pourrait jouer un rôle clé dans son acceptation et son déploiement. ENSEIGNEMENT CLÉ 3 La construction durable toujours centrée sur l’environnement, la résilience gagnant du terrain et le bien-être des habitants restant au second plan. Base : aux connaisseurs de la notion de construction durable parties prenantes (4031 répondants) – deux réponses possibles Parmi les définitions suivantes, lesquelles correspondent le mieux à la construction durable? Des constructions… 15 Évolution par rapport aux résultats de 2024 – 7 = – 4 + 4 + 8 = = = 35 % efficaces du point de vue énergétique 31 % qui utilisent des matériaux écologiques 29 % visant à atteindre la neutralité carbone 22 % évolutives capables de s’adapter à de nouveaux usages 21 % capables de faire face aux aléas naturels et climatiques 19 % visant à réduire les déchets de chantier 19 % qui consomment moins de matières épuisables 15 % qui favorisent le bien-être et la santé des occupants

ENSEIGNEMENT CLÉ 4 Des acteurs informés mais insuffisamment formés, un frein à leurs engagements concrets ? Si les parties prenantes déclarent bien connaître la construction durable, seuls 28 % se disent tout à fait informés sur le sujet et 35 % des professionnels ont suivi une formation dédiée. Cette maîtrise encore partielle du sujet peut expliquer une certaine limite à des engagements concrets. Ainsi 78% des étudiants jugent la formation en construction durable différenciante pour l’emploi, mais seuls 40 % refuseraient une offre d’une entreprise non engagée (5% de manière catégorique). Du côté des professionnels, 67 % déclarent évaluer l’empreinte carbone de leurs projets, mais seuls 30% le font de manière systématique, un résultat qui progresse mais reste encore minoritaire. Les élus/représentants locaux, eux, sont 51 % à annoncer vouloir exclure des projets non engagés des marchés publics, mais dans les faits, seuls 37 % ont réellement franchi le pas, un résultat dont la nette hausse constitue cependant un signal encourageant. Enfin, les associations ne sont pas en reste : 51 % envisagent d’appeler au boycott des entreprises jugées insuffisamment investies, mais seulement 24% sont effectivement passées à l’action, une tendance qui reste stable. Des écarts qui illustrent l’importance de traduire la prise de conscience en actions tangibles. 37 % Base : professionnels qui ont une activité dans la construction durable (1030 répondants) – une seule réponse possible 30 % 33 % 30 % + 10* *Évolution par rapport aux résultats 2024. Oui, systématiquement Oui, mais seulement de temps en temps Non, jamais Évaluez-vous l’empreinte carbone de vos projets de construction durable? 16

22% des parties prenantes interrogées jugent l’introduction de nouvelles solutions innovantes comme une action prioritaire pour accélérer le développement de la construction durable. Une action classée en sixième position, derrière d’autres priorités telles que le renforcement de la compétitivité des solutions durables (33%), la sensibilisation du grand public (32%) et des parties prenantes (31%). Base : ensemble parties prenantes (4320 répondants) – plusieurs réponses hiérarchisées possibles FOCUS L’innovation est-elle perçue comme un levier de la construction durable ? Selon vous, parmi les actions suivantes, quelles sont celles qui doivent être mises en place en priorité pour accélérer le développement de la construction durable? Évolution par rapport aux résultats de 2024 = = + 5 + 8 + 7 = = = 33 % Améliorer la compétitivité des matériaux, produits et solutions durables 32 % Sensibiliser davantage le grand public aux enjeux de la construction durable 31 % Sensibiliser davantage (les) parties prenantes et renforcer leur collaboration 28 % Privilégier les biomatériaux aux matériaux conventionnels 26 % Rendre plus visible et transparente la performance durable des constructions 22 % Proposer de nouvelles solutions innovantes 21 % Former davantage les professionnels 18 % Rénover l’existant 17

18 PARTIE Explorer de nouvelles solutions

L’innovation accélère à un rythme inédit dans le secteur de la construction, jouant un rôle clé dans sa transformation. Cette dynamique prend de multiples visages et se manifeste à toutes les étapes d’un projet. Plus que l’usage de produits novateurs, l’innovation suppose un véritable changement de paradigme : l’adoption d’une approche intégrée capable de répondre simultanément à des défis complexes. Ainsi de nouvelles solutions émergent, réduisant les émissions de gaz à effet de serre et optimisant – de la conception jusqu’à l’exploitation des bâtiments – la performance environnementale, la rentabilité, la qualité et le confort d’usage d’un ouvrage. Sous l’impulsion de ces solutions innovantes, les modes constructifs ne cessent d’évoluer, comme la construction légère qui permet de construire toujours mieux, plus vite et de manière plus durable. Les avancées technologiques ouvrent également de nouvelles perspectives, notamment avec l’intelligence artificielle, qui façonne un bâti plus vertueux, ou encore avec la chimie de la construction, qui développe des matériaux à la fois plus résistants et moins carbonés. Mais innover, c’est aussi réhabiliter des savoir-faire éprouvés, tels que l’architecture bioclimatique ou l’usage de matériaux traditionnels. Ce chapitre présente ces approches complémentaires à travers des visions audacieuses et des projets inspirants, qui redéfinissent les contours de la construction durable et dessinent l’avenir de nos cadres de vie. L’enjeu est désormais de passer ces innovations à l’échelle, pour qu’elles deviennent la norme et transforment durablement l’ensemble du secteur. 19

Les multiples visages de l’innovation dans la construction L’innovation dans le secteur de la construction présente une très grande diversité de propositions destinées à transformer en profondeur la façon de construire et de rénover. Pour gagner en performance et en durabilité, les acteurs se mobilisent et collaborent afin que les idées innovantes puissent naître, grandir, rencontrer leur premier marché, et enfin passer à l’échelle pour toucher le plus grand nombre. Tour d’horizon des différentes facettes de cette transformation. DÉCRYPTAGE Des start-ups les plus disruptives aux groupes les plus établis, l’ensemble des acteurs de la construction apporte ses forces dans une course à l’innovation destinée à relever les défis climatiques, environnementaux et démographiques. Des innovations à fort potentiel se développent aux différents stades d’avancée des projets (amont, construction, exploitation), qu’il s’agisse par exemple d’aider les professionnels à faire de meilleurs choix, de réinventer les matériaux, de fluidifier les procédés ou encore de développer de nouvelles pratiques de construction. Certaines de ces nouvelles solutions ne bouleversent pas les pratiques établies, d’autres si (1). (1) Source : Académie des Technologies, « Innovation dans la Construction : l’apport des start-ups pour transformer le secteur. » La conception numérique permet de faire préexister virtuellement un bâtiment. Ici le Building Information Modeling (BIM) modélise les informations et les partage ensuite entre les différents acteurs du projet pour fluidifier leurs prises de décision (voir paragraphe 2). © black_mts 20

Optimiser l’existant DES INNOVATIONS QUI OPTIMISENT LA PRODUCTIVITÉ À L’INTÉRIEUR DE CHACUN DES MAILLONS DE LA CHAÎNE DE VALEUR DE LA CONSTRUCTION. Si elles ne bousculent pas l’ordre établi, elles portent déjà un potentiel très important de pratiques plus vertueuses, avec l’avantage d’une pénétration des marchés plus facile car conforme aux modèles économiques existants. Elles ont un potentiel de développement rapide à court terme, chacune n’ayant qu’à démontrer son apport en productivité, en coûts et en impacts environnementaux. ANALYSE DES DONNÉES EN TEMPS RÉEL „ Outils de simulation pour évaluer la performance énergétique d’une conception „ Outils d’analyse de cycle de vie pour anticiper quels seront les impacts environnementaux d’un bâtiment „ Capteurs IoT (Internet des Objets) en phase d’exploitation pour optimiser la consommation énergétique, le mode d’occupation, le confort „ Maintenance préventive et prédictive MATÉRIAUX PLUS DURABLES ET PERFORMANTS „ Liants et adjuvants bas carbone développés notamment pour le béton „ Matériaux allégés „ Réemploi des matériaux „ Matériaux à fort contenu recyclé „ Matériaux peu émissifs qui capturent les composés organiques volatils, biosourcés, plus faciles à poser OPTIMISATION DES CHANTIERS „ Robotique/cobotique „ Applications digitales „ Kitting : calepinage et découpe à dimension „ Gestion des déchets „ Livraison just in time 21

Récolter et partager les datas tout au long du cycle de vie DES INNOVATIONS QUI CRÉENT DES INTERFACES ENTRE LES MAILLONS DE LA CHAÎNE DE VALEUR. Ces innovations, généralement digitales, facilitent le transfert d’informations entre les acteurs (de nature technique, contractuelle, financière) sans perturber la nature des relations existantes entre client, fournisseur et sous-traitant, cherchant simplement à faciliter les interfaces entre les acteurs. Elles supposent d’éviter de multiples saisies inutiles et laissent présager une maîtrise des informations tout au long du cycle de conception, construction et exploitation d’un ouvrage. Ces innovations, relativement simples à mettre en place techniquement, nécessitent pour autant une compréhension préalable par les différents acteurs des opportunités et des risques associés à une meilleure maîtrise des données. Elles nécessitent également une maîtrise du digital et un alignement sur les standards par différents acteurs de la chaîne de valeur afin de délivrer leur plein potentiel. MAÎTRISE ET PARTAGE DES DONNÉES „ Dématérialisation et possibilité de mise en partage d’informations sur les produits et équipements d’un bâtiment existant notamment avant rénovation „ Usage du BIM (Building Information Modeling) de la conception à l’usage du bâtiment. La conception numérique, préalable à la construction durable, permet de faire exister virtuellement un bâtiment avant qu’il existe vraiment. „ « Building Operating System » pour piloter le fonctionnement de tous les lots techniques d’un bâtiment (ascenseur, chaud/froid, fluides…) ainsi que les usages (occupation, ouverture/fermeture des ouvrants, contrôle des stores…) afin de faire les meilleurs choix de maintenance prédictive et préventive „ Solutions de dématérialisation d’appel d’offres pour comparer des grilles de prix de manière indiscutable „ Adaptation des démarches Achats pour faire des choix informés intégrant la réduction carbone en plus des coûts des matériaux 22

Transformer profondément les pratiques DES INNOVATIONS QUI NÉCESSITENT UN BOULEVERSEMENT DES PRATIQUES ÉTABLIES. Portées par les acteurs établis, mais aussi les start-ups, animées d’une volonté de « changer le monde », certaines innovations de ruptures œuvrent à dépasser les limites historiques et à révolutionner le secteur de la construction. Elles impliquent souvent un changement des modèles de création de valeur et une refonte des pratiques de coopération entre les acteurs. Conclusion Pour réussir leur passage à l’échelle, ces innovations et celles qui naîtront demain dans le secteur de la construction, doivent embarquer l’ensemble de leur écosystème. Pourquoi? Tout simplement parce qu’une innovation, même la moins disruptive, implique de « faire » autrement et donc de s’adapter. L’organisation du marché, l’environnement réglementaire, les pratiques des métiers, les modèles économiques doivent souvent évoluer pour « l’absorber ». Le rôle des acteurs établis de la construction peut alors s’avérer décisif pour engager favorablement l’ensemble des parties prenantes dans les processus de transformation nécessaires. ADOPTION DE NOUVELLES FAÇONS DE « FAIRE » „ Construction légère „ Construction hors site et modulaire „ Évolutivité des bâtiments „ Économie circulaire : prévention de la production de déchets de construction, réemploi des produits, recyclage ou valorisation des déchets „ Impression 3D du béton „ Matériaux biosourcés 23

Les solutions intégrées pour allier performance et durabilité Les acteurs du bâtiment doivent désormais prendre en compte quatre facteurs interdépendants, que ce soit lors de la conception ou de l’exécution d’un projet. D’un côté, les exigences de performance nécessitent une optimisation de la valeur économique tout en assurant une expérience utilisateur de qualité. De l’autre, l’impératif de durabilité impose d’allier transition environnementale et confort des occupants. LA NÉCESSITÉ D’UNE APPROCHE SOLUTION Dès lors, la conception et la réalisation de bâtiments durables ne peuvent plus être la simple addition de produits spécialisés. Il est impératif d’adopter une approche intégrée qui tienne compte de la complexité des interactions entre les différents composants d’un bâtiment. Un produit performant peut ne pas suffire s’il ne s’intègre pas parfaitement dans un système optimisé, tant du point de vue technique qu’économique et environnemental. L’objectif est d’atteindre une synergie entre les produits, les systèmes et les services, afin d’offrir des solutions qui répondent simultanément aux impératifs de performance tant économique que d’usage, de durabilité et de bien-être des occupants. L’objectif est d’atteindre une synergie entre les produits, les systèmes et les services. Si le secteur peut compter aujourd’hui sur un large éventail d’innovations pour optimiser chaque étape du cycle de vie du bâti, l’efficacité de celles-ci repose sur une approche globale. Construire durable ne consiste plus simplement à assembler des produits innovants, mais plutôt à apporter des solutions à des problématiques complexes, à la fois environnementales et de confort. DÉCRYPTAGE 24

Pour optimiser la performance énergétique globale d’un bâtiment, différents produits et services sont combinés entre eux, créant des solutions efficaces à chaque niveau : les façades se transforment en boucliers thermiques, les fenêtres deviennent capables de gérer naturellement flux de chaleur et lumière. CONJUGUER PRODUITS, SYSTÈMES ET SERVICES Imaginez un bâtiment où chaque élément serait un instrument participant à une partition parfaitement orchestrée. Cette métaphore illustre la révolution silencieuse qui transforme aujourd’hui le secteur de la construction. Les solutions intégrées redéfinissent les règles du jeu, dépassant la simple addition de produits pour créer une partition où chaque composant joue un rôle précis en fonction des autres. Concrètement, l’approche solution combine intelligemment trois dimensions complémentaires : – les produits, conçus pour répondre à des exigences techniques précises, – les systèmes, qui associent différents produits pour créer des ensembles fonctionnels cohérents, – et les services, qui viennent parfaire cette offre pour délivrer une solution complète. Cette synergie permet aux professionnels d’exploiter pleinement le potentiel de chaque élément via des combinaisons intelligentes, tout en s’appuyant sur leur expertise métier pour apporter du sur-mesure. © Jacques du Rocher 25

LA MISE EN PRATIQUE SUR LE TERRAIN Combiner intelligemment systèmes de produits, services et expertises, comment cela se concrétise-t-il sur le terrain? Prenons l’exemple de la rénovation d’un bâtiment où chaque surface, du sol au plafond, doit participer activement à la performance énergétique. En toiture, les systèmes nouvelle génération combinent isolation et étanchéité en solutions tout-en-un. Les façades se transforment en boucliers thermiques intelligents. Les fenêtres, quant à elles, deviennent de véritables interfaces actives capables de gérer naturellement flux de chaleur et lumière. Même l’isolation intérieure se réinvente, maximisant la performance sans sacrifier l’espace habitable. Pour fonctionner, cette approche nécessite donc que les produits soient pensés pour s’intégrer dans des solutions complètes, et que leur grille d’évaluation évolue aussi pour intégrer leur contribution à la durabilité environnementale, au bien-être des utilisateurs, à la performance économique et à l’expérience utilisateur. Au-delà de ses avantages concrets en termes de performance et de durabilité, l’approche solution catalyse l’innovation. En travaillant au plus près des besoins spécifiques des clients, de nouvelles réponses émergent constamment. Les matériaux deviennent plus performants et plus durables, les systèmes constructifs s’optimisent, les services digitaux facilitent la mise en œuvre. Mais la véritable force de cette approche réside dans sa capacité d’adaptation. Une agilité qui s’avère cruciale pour non seulement répondre aux besoins actuels du secteur, mais aussi anticiper ses évolutions futures et ainsi parvenir à s’aligner en permanence avec ses contraintes spécifiques, qu’elles soient climatiques, réglementaires ou fonctionnelles. EnveoVent, système mural complet répondant aux exigences de performances thermique, acoustique et de résistance au feu, et également moins émetteur de CO2 que les constructions traditionnelles. Sa création est née de l’association des produits des services de British Gypsum, Isover, Okarno, Scotframe et Weber. Au-delà de ses avantages concrets en termes de performance et de durabilité, l’approche solution catalyse l’innovation. © Saint-Gobain 26

1 Service sur mesure, préfabrication 2 Chapes multifonctions 3 Solutions verrières de pointe 4 Mortiers d’étanchéité de soussol, chapes et mortiers de ragréage, mortiers d’imperméabilisation technique du sous-sol 5 Membranes et résines d’étanchéité de toitures, balcons et terrasses, protections contre les intempéries 6 Plafonds suspendus et acoustiques 7 Cloisons acoustiques et antifeu 8 Systèmes de façades légères, isolation de façades 9 Protection des fondations, fondations en béton bas carbone, adjuvants pour structures béton 10 Canalisations SOLUTIONS ADAPTÉES À LA CONSTRUCTION LÉGÈRE : EXEMPLE D’UN IMMEUBLE DE BUREAUX Les plafonds régulent l’acoustique tout en participant à la qualité de l’air. Les cloisons ne se contentent plus de délimiter l’espace, elles conjuguent performance acoustique et protection incendie. Les façades légères intègrent isolation et contrôle solaire dans des systèmes compacts. Glossaire „ UN SERVICE complète un système pour fournir une solution. „ UN SYSTÈME est une combinaison de produits et/ou d’autres systèmes pour répondre à des besoins fonctionnels. „ UN PRODUIT est conçu pour répondre à des exigences techniques et fonctionnelles. Il peut en lui-même représenter une solution à une problématique rencontrée par le client, ou être assemblé avec d’autres produits pour former un système, et/ou être combiné avec des services. RETROUVEZ l’article complet sur Constructing a sustainable future 1 2 3 © Saint-Gobain 5 6 7 8 9 10 4 27

Construire plus léger, une approche devenue incontournable Contrairement aux constructions traditionnelles qui reposent sur des matériaux lourds comme le béton ou la brique, la construction légère privilégie des structures porteuses plus légères sous forme de « squelettes » en bois, en métal ou en béton, sur lesquelles sont fixés des systèmes de façades et de cloisons non porteurs. Elle s’impose donc comme une réponse adaptée et durable pour réduire l’empreinte carbone des bâtiments tout en répondant aux exigences de coût, de rapidité et de confort. UNE RÉDUCTION SIGNIFICATIVE DE L’EMPREINTE ENVIRONNEMENTALE En réduisant l’usage de matériaux lourds et fortement carbonés, la construction légère limite l’extraction de ressources naturelles et la consommation d’énergie, réduisant ainsi les émissions de CO2 et favorisant la circularité. En outre, la préfabrication en usine, pour tout ou partie du bâtiment, réduit les déchets et les nuisances sur chantier. UNE SOLUTION ÉCONOMIQUE ET PERFORMANTE Mais au-delà de ses atouts écologiques, la construction légère offre une réponse efficace aux contraintes budgétaires et temporelles des projets. La légèreté des matériaux permet en effet de simplifier les fondations, de diminuer les délais de consLes solutions innovantes bousculent les modes de construction établis. Ainsi, la construction légère émerge comme une alternative durable et performante aux techniques traditionnelles, se renouvelant en permanence grâce aux avancées technologiques et aux nouvelles méthodes de conception. DÉCRYPTAGE 28

truction et donc les coûts. Une construction préfabriquée peut constituer un gain de temps de 30% par rapport à une construction traditionnelle. UN IMPACT SOCIAL ET SOCIÉTAL POSITIF Construire plus léger ne signifie pas réduire le niveau de confort et les performances du bâtiment, en particulier en matière d’efficacité énergétique. Cette approche permet au contraire l’accès à un logement décent et confortable au plus grand nombre. En Amérique du Nord, la construction légère représente LA solution pour répondre à une très forte demande de logements abordables. En Turquie, ce mode constructif s’est avéré essentiel pour reconstruire rapidement après les tremblements de terre de 2023, et bâtir avec des structures plus légères dont les conséquences seraient moins graves en cas de nouvel effondrement. Cette approche facilite enfin l’évolution vers des bâtiments plus adaptables et réversibles, répondant aux enjeux de flexibilité urbaine, d’évolution des besoins et des modes de vie. Un atout indéniable pour la fin de vie des bâtiments, puisque aisément démontables, ils peuvent être réemployés ailleurs ou recyclés. UN MODE CONSTRUCTIF EN PERPÉTUELLE ÉVOLUTION La construction légère ne cesse d’évoluer au gré des innovations de solutions qui la composent, toujours plus bas carbone comme par exemple des bétons, des plaques de plâtre, vitrages ou laine de verre produits à base de composants alternatifs, de matières recyclées, et grâce à des énergies alternatives. Les énergies renouvelables (panneaux photovoltaïques), la ventilation naturelle et la récupération de chaleur font par ailleurs de plus en plus partie des projets de construction légère. Enfin le BIM (Building Information Modeling) et l’IA optimisent l’utilisation de matériaux et l’efficacité énergétique des bâtiments. Autant d’innovations qui contribueront de plus en plus à positionner la construction légère comme mode constructif incontournable. Les structures porteuses plus légères, sous forme de squelettes de bois, permettent d’allier réduction de l’empreinte carbone des bâtiments, rapidité de construction et confort de vie. © Roberto Sorin 29

ÉMIRATS ARABES UNIS Redéfinir le concept de vie urbaine THE H RESIDENCE À DUBAÏ. Implanté au cœur d’un grand espace public, le projet du cabinet d’architecture Tariq Khayyat Design Partners devait avant tout convaincre les habitants du quartier de sa pertinence. Conçue autour d’une grande place centrale qui favorise les échanges et l’inclusion, et comprenant aussi des espaces commerciaux, la résidence a immédiatement séduit par sa conception respectueuse de l’environnement. Tous les principes d’une construction plus légère ont été suivis ici : moins de béton, plus de gypse et de bois, mais aussi moins de travail sur le chantier, grâce à plus de préfabriqué et de flexibilité. Résultat : un bâtiment plus performant et à l’empreinte environnementale nettement réduite. © Phillip Handforth Photography 2002-2024

INSPIRATIONS 31

ITALIE Des bureaux ultra-légers BUREAUX DE L’ADMINISTRATION MUNICIPALE DE RAVENNE. La conception de ce bâtiment repose sur l’optimisation de l’efficacité énergétique, en exploitant au mieux les caractéristiques de l’enveloppe du bâtiment. Une attention particulière a ainsi été portée à la lumière et la circulation naturelle de l’air. Cela se traduit notamment par l’utilisation de toitures végétalisées, de grands vitrages isolants et l’architecture spectaculaire des façades qui fait office de pare-soleil. Dès les premières phases de conception, l’utilisation de matériaux écologiques a été privilégiée. Par ailleurs, chaque élément peut être remplacé ou entretenu individuellement, sans nécessiter un démontage complet. Cette approche permet d’optimiser le coût global de maintenance et de gestion tout au long du cycle de vie du projet. © lorenzoBartoliforSaint-Gobain

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PAYS-BAS Rénover un hôpital sans arrêter son activité HÔPITAL UNIVERSITAIRE D’AMSTERDAM. Outre les enjeux environnementaux, les établissements de soins doivent s’adapter aux crises sanitaires, au vieillissement de la population et aux avancées médicales. Leur rénovation nécessite des solutions alliant donc performance énergétique, flexibilité et confort. À Amsterdam, l’hôpital universitaire a relevé ce défi en se rénovant tout en maintenant son activité 24 heures sur 24 et la continuité des soins, grâce à des kits préfabriqués sur mesure livrés par le toit pour minimiser les perturbations, réduire le bruit, la poussière et les émissions de CO2. © William Moore

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Les applications de l’IA dans la construction durable La démocratisation des intelligences artificielles génératives marque un tournant décisif dans notre rapport aux outils numériques. L’interaction avec ces technologies s’est considérablement simplifiée, permettant aux professionnels d’exploiter leur potentiel via des interfaces intuitives, tout en s’appuyant sur leur expertise métier. Cette évolution, qui va bien au-delà d’une simple facilité d’usage, transforme profondément les pratiques professionnelles dans la construction. La synergie entre l’intelligence artificielle et le savoir-faire humain ouvre désormais de nouvelles perspectives pour optimiser chaque phase des projets, de leur conception jusqu’à leur exploitation. L’IA REDÉFINIT LA CONCEPTION ARCHITECTURALE L’émergence des intelligences artificielles bouleverse la phase de conception, traditionnellement chronophage et itérative. Les architectes disposent désormais d’assistants numériques capables d’explorer en quelques minutes des centaines de Les avancées technologiques offrent également de nouvelles opportunités. L’intelligence artificielle, en particulier, joue un rôle central dans cette évolution, bouleversant les pratiques établies dans de nombreux secteurs. Celui de la construction n’échappe pas à cette lame de fond. Des premiers coups de crayon jusqu’à l’exploitation quotidienne des bâtiments, l’IA, notamment générative, redéfinit les normes de la construction durable et ouvre de nouvelles perspectives pour un bâti plus vertueux. DÉCRYPTAGE 36

variations possibles pour un même projet, en tenant compte de multiples paramètres : performance énergétique, impact environnemental, coûts, confort des occupants. La plateforme Hypar illustre parfaitement cette révolution silencieuse. En exploitant la puissance des grands modèles de langage (LLM), elle automatise la génération de plans optimisés. Aux utilisateurs de saisir leurs exigences et contraintes relatives à des critères variés, comme l’efficacité énergétique ou l’impact environnemental. À la clé de cette automatisation, une amélioration significative de la productivité. Un temps gagné précieux que les équipes de conception peuvent mettre à profit pour se consacrer davantage aux dimensions créatives et stratégiques de leurs projets. PRODUCTION : L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE AU SERVICE DE L’EFFICACITÉ L’IA révolutionne aussi les lignes de production, notamment à travers l’émergence de systèmes robotiques pilotés par l’IA. Vestack en offre une illustration remarquable avec son procédé de fabrication hors site innovant. L’entreprise déploie des robots intelligents dont les actions ne sont plus préprogrammées, mais déterminées en temps réel par des algorithmes issus de l’IA. Ces machines analysent chaque élément à assembler et définissent alors automatiquement leur propre séquence de mouvements, afin de réaliser avec précision et le plus rapidement possible des tâches telles que le clouage à haute cadence. Une évolution qui, loin de remplacer l’humain, redéfinit les métiers du secteur, avec l’apparition de nouveaux profils comme les conducteurs de robots. Le configurateur Ludwig développé par Vestack utilise les algorithmes et l’IA pour concevoir un jumeau digital des bâtiments qui seront ensuite produits en usine. Les architectes disposent désormais d’assistants numériques capables d’explorer des centaines de variations possibles © Vestack 37

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