R. P. : La construction durable doit impérativement prendre de l’ampleur. Un effort concerté de toutes les parties prenantes est nécessaire pour insuffler un véritable changement. Il est essentiel que davantage de personnes adoptent cette approche et prennent en compte des facteurs tels que le comportement des consommateurs, les cadres réglementaires et l’impact social. De nombreuses entreprises montrent que les solutions fonctionnent lorsqu’on se concentre sur la collaboration avec les communautés. Nous misons sur l’effet de démonstration, en privilégiant par exemple les projets pilotes plutôt que les recherches théoriques. Généraliser ces solutions implique également de s’assurer qu’elles sont adaptées aux communautés, tenant compte de facteurs comme l’accessibilité financière, la demande et les préférences locales. Adopter une approche de conception centrée sur l’humain, pour garantir des solutions efficaces, évolutives et bénéfiques à l’ensemble de la communauté, est essentiel. Pour terminer, le changement culturel est-il la clé d’une véritable innovation dans le domaine de la construction durable? Comment l’impulser? C.M.O. : Pour innover dans la construction durable, il faut des avancées concrètes, comme de nouveaux matériaux et outils, mais aussi changer les mentalités. Ce changement est essentiel pour des concepts comme la circularité. Si beaucoup associent la circularité à la gestion des déchets et au recyclage, il faut aussi changer notre perception des matériaux secondaires de substitution. Les consommateurs privilégient souvent les produits neufs, mais les fabricants peuvent les convaincre de la qualité égale des matériaux recyclés avec des certifications. Pour faire évoluer la demande et favoriser la durabilité, nous devons changer notre regard sur ces matériaux et les considérer comme réutilisables plutôt que comme des déchets. R. P. : Si vous demandez à des passants ce que signifie pour eux l’innovation en général, et non spécifiquement pour le logement durable, beaucoup imagineront une application ou quelque chose d’inédit. Dans le domaine de la construction, cela peut être un nouveau matériau, une technologie qui transforme le plastique en briques ou un enduit améliorant le refroidissement. Ces innovations sont importantes, mais ce qui compte vraiment, c’est ce qui répondra aux besoins des millions de personnes qui sont toujours sans logement. Il s’agit davantage d’un changement culturel. C’est un changement dans la manière de valoriser l’apport des communautés pauvres et à faibles revenus, en les écoutant au moment de la conception de nouvelles solutions. Sur le marché de l’autoconstruction, le défi est plus complexe, car les acteurs du marché, comme les petits entrepreneurs et les entreprises locales, sont fragmentés. Les médias peuvent être un outil puissant pour y contribuer. Par exemple, au Kenya, plus d’un million de téléspectateurs hebdomadaires ont regardé Tujenge – Build it Better, une émission ludo-éducative sur les défis et les techniques de la construction que nous avons codéveloppée avec le Nation Media Group d’Afrique de l’Est. 11
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